En produisant depuis plus de trente ans des expositions, des animations et des conférences, en invitant praticiens et théoriciens, spécialistes et non spécialistes, à venir partager et débattre autour des questions liées à la ville, à l’architecture et au vivre ensemble, arc en rêve centre d’architecture contribue, depuis Bordeaux, à l’émergence de savoirs spécifiques et au partage d’une culture architecturale et urbaine contemporaine, débordant largement le contexte de son inscription locale.
arc en rêve la revue est un espace de publication, et de republication, destiné à rendre progressivement accessibles certaines de ces archives pour la plupart inédites. Le projet est ici de procéder à des prélèvements dans les différentes strates de l’histoire d’arc en rêve centre d’architecture, sur plus de 30 ans, dans le but de les activer pour travailler les questions d’aujourd’hui.
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Projet conduit par Marie Bruneau et Bertrand Genier dans le cadre d’un partenariat avec le
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Extrait d’une communication donnée dans le cadre de la rencontre La ville en Afrique, miroir du monde, organisée par arc en rêve centre d’architecture, le 16 avril 2013, en partenariat avec le LAM - les Afriques dans le monde, à l’occasion de l’exposition Diébédo Francis Kéré architecte, Burkina Faso / Berlin, Bridging the Gap / Jeter un pont.
Étienne Damome est maître de conférence en sciences de l’information et de la communication à l’université de Bordeaux 3.
> extraits « Les médias s’affichent aussi dans la rue, en particulier dans les carrefours, lorsqu’il s’agit de vendre la presse. Il y a des étalages de journaux à des lieux bien précis, souvent pas loin des carrefours. L’exemple que je vais prendre c’est à Lubumbashi, pas loin du grand marché, pas très loin non plus du centre culturel français. Ces étalages de journaux sont donc des objets qui font corps avec la ville et qui participent au décor de la ville. De là est née l’expression : « les parlementaires debout ». Il s’agit en fait de ce qu’en science de l’information et de la communication, nous appelons des dynamiques post-réception, c’est-à-dire des dynamiques qui se passent après la réception des médias (que ce soit les médias électroniques ou que ce soit la presse écrite). Ces images viennent Lubumbashi, mais ce phénomène particulier n’est pas particulier à cet endroit : les grandes villes de la RDC (république démocratique du Congo), comme Kinshasa par exemple, connaissent aussi ce phénomène de la vente de journaux étalés par terre dans les lieux publics. Les citoyens ne viennent pas acheter mais lire debout. Mais ce n’est pas non plus une particularité de la RDC, puisque ce phénomène de dynamiques post-réception se retrouve dans plusieurs pays, en particulier au Burkina Faso.
Ce phénomène est né dans les années 1970, lors du pouvoir de Mobutu, mais il s’est ensuite développé dans les années 1990. Certains le mettent en relation avec le développement de la démocratie après les années 90. Analyste des médias, je dirais qu’il est lié au développement des médias puisque c’est précisément en lisant les informations que les lecteurs se mettent à commenter et à débattre de l’actualité. À Lubumbashi, les « parlementaires debouts » représentent une institution reconnue et désignée comme telle – sauf qu’il ne s’agit pas, évidemment, d’une institution organisée. Lubumbashi, c’est une ville de province ; il n’y a pas de journaux quotidiens, mais plutôt des hebdomadaires. Donc il n’y a pas d’actualité puisque toutes les actualités sont anciennes. Mais il y a l’impression ou la photocopie des dépêches des agences qui assurent le quotidien.
Au niveau de la fréquentation, on trouve quelques personnes qui essayent de faire le lien entre les différents publics et en fonction d’un sujet abordée. Par exemple, ça peut être une association qui est préoccupée par un problème particulier local et qui profite de la publication d’un article sur la question pour aborder les gens qui viennent lire là pour les provoquer.
Dernier aspect linguistique : j’étais à Lubumbashi pour faire des recherches sur la place du kiswahili dans les médias et je me suis rendu compte que ces lieux de prise de parole public pouvaient avoir un intérêt linguistique, car ce sont des lieux où on pouvait identifier toutes les versions de la langue, en particulier le mélange du français et des langues locales. »